Edito de Mars 2022 : Principes non négociables et Civilisation de l’Amour

« Les chrétiens sont appelés s’opposer à une conception du pluralisme marquée par le relativisme moral, qui est nuisible pour la vie démocratique elle-même, celle-ci ayant besoin, de fondements vrais et solides, c’est à dire de principes éthiques qui, en raison de leur nature et de leur rôle de fondement de la vie sociale, ne sont pas « négociables » » affirmait le Cardinal Joseph Ratzinger, alors Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, dans une note doctrinale sur l’engagement et le comportement des catholiques dans la vie politique, en 2002. 

Ces principes non négociables sont les suivants : 

  • le droit primordial à la vie depuis la conception jusqu’à la fin naturelle (refus de l’avortement et de l’euthanasie) ;
  • le respect et la protection de l’embryon humain ;
  • la protection et la promotion de la famille, fondée sur le mariage monogame entre personnes de sexe différent ;
  • la garantie de liberté d’éducation des enfants ;
  • la protection sociale des mineurs ;
  • la libération des victimes des formes modernes d’esclavage ;
  • le droit à la liberté religieuse ;
  • le développement dans le sens d’une économie qui soit au service de la personne et du bien commun, dans le respect de la justice sociale, du principe de solidarité humaine et de la subsidiarité ;
  • la paix ;

Après son élection sur le trône de Saint Pierre, Benoît XVI a eu l’occasion, en mars 2006 devant des parlementaires européens, de réaffirmer ces points et de compléter son explication : 

« Ces principes ne sont pas des vérités de foi, même s’ils reçoivent un éclairage et une confirmation supplémentaire de la foi ; ils sont inscrits dans la nature humaine elle-même et ils sont donc communs à toute l’humanité. L’action de l’Église en vue de leur promotion n’est donc pas à caractère confessionnel, mais elle vise toutes les personnes, sans distinction religieuse. Inversement, une telle action est d’autant plus nécessaire que ces principes sont niés ou mal compris, parce cela constitue une offense contre la vérité de la personne humaine, une blessure grave infligée à la justice elle-même. »

Ces principes non négociables peuvent être vu par certains comme rigides ou intolérants.

Dans cette perspective, il faut lire avec attention, Son Éminence le Cardinal Pie, qui, en 1841, dans son sermon sur l’intolérance doctrinale, en la Cathédrale de Chartres, explicitait deux principes qui peuvent être séparés :

1. La religion qui vient du ciel est vérité, et elle est intolérante envers les doctrines.

2. La religion qui vient du ciel est charité, et elle est pleine de tolérance envers les personnes.

Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face, Docteur de l’Église, dans ses écrits (Manuscrit A, folio 38 V et 39R) nous en parle autrement. Elle présente un père de famille qui porte secours à son enfant et le soigne après que celui-ci a heurté une pierre sur son chemin, nous parlant ainsi de réparation et elle décrit une autre scène quand le père enlève la pierre pour éviter que son enfant soit blessé, parlant ainsi de prévention. Il est question ici de la miséricorde. 

La miséricorde préventive consiste à concevoir une société qui n’entraîne pas au péché, une société qui ne met pas d’écueils sur la voie de ses membres ; la miséricorde réparatrice est cet hôpital de campagne qui va prendre soin de ceux qui sont « les blessés de la vie ».

Les principes non négociables prennent à la lumière de ces deux éclairages une tournure bien différente. Ils ne sont plus intolérants. Ils sont lumière pour orienter l’Homme dans la société. Ils sont guides pour bâtir la Civilisation de l’Amour.

Certains peuvent se dire en eux-mêmes « Qu’il sera difficile de faire un choix en avril prochain ! » et ils ont raison ! Notre choix ne peut être guidé uniquement comme on l’entend parfois par « le moindre mal » mais il est bien guidé par un ensemble cohérent de doctrine, qui a pour référence la Vérité et qui se discerne à la lumière d’une conscience formée et éduquée.

Frantz Toussaint

Président de la Fédération des AFC du Morbihan 

Administrateur de l’AFC du Pays de Vannes