« C’est plus fort que nous. Elle nous tiraille et nous attire. Elle nous fait sortir de chez nous et entreprendre. Elle nous fait guetter le bon moment pour agir, elle nous pousse à la croisée des chemins. Elle nous dévoile et nous engage. Elle peut parfois nous impressionner. Elle exige du courage et des renoncements. Elle nous coûte et bien souvent, trop souvent, on tente de la pliée bien serrée au fond de nous, pour qu’elle prenne le moins de place possible, elle qui est si envahissante et… exigente ! Mais elle est tenace et, à la manière d’un clair-obscur, elle dévoile les contours de notre être : une créature finie faite pour l’infini. La liberté.
La liberté est à la fois une condition même de notre être et une conquête de chaque jour. Poser des actes libres parce que forgés dans une conscience libre est le propre de l’homme et sa plus belle réussite. Agir conformément à sa conscience est le signe de la liberté. Alors aujourd’hui, où en sommes-nous de nos consciences ? Avons-nous préservé ce sanctuaire intime à chacun ? Sont-elles « sous contrôle », « sous assistance respiratoire » ? Nos consciences sont-elles éclairées par notre jugement propre et notre cœur ?
« Appelés à la liberté » signifie que nous sommes façonnés pour être libres comme la fleur qui se tourne vers le soleil pour s’épanouir, comme la bouche asséchée qui cherche la source. On ne se sent souvent pas très libres. Nous ne sommes pas assez convaincus de notre valeur, comme Cyrano persuadé que la taille de son nez le condamne à n’être jamais aimé. Nous ne sommes pas assez certains de nos bonnes raisons pour agir selon notre âme et notre conscience. Nous ne sommes pas assez assurés que nos actes bons et donc libres rayonnent déjà dans l’éternité. Nous ne faisons pas assez confiance en notre bon sens, en notre expérience. Et pourtant… si nous sommes réellement de bonne volonté et que nous cherchons la Vérité, nous sommes légitimes et nos actes libres sont autant de phares dans la nuit pour nos contemporains. Il en va du sens de notre vie à chacun : être fondamentalement libre.
Le 8 décembre 1987, le Pape Saint Jean-Paul II dans son message à l’occasion de la Journée Mondiale pour la Paix, le 1er janvier 1988, disait :
« La personne est le fondement et la fin de l’ordre social, car elle est le sujet de droits inaliénables qu’elle ne reçoit pas de l’extérieur mais qui découlent de sa nature même : rien ni personne ne peut les détruire, aucune contrainte extérieure ne peut les anéantir, parce qu’ils s’enracinent dans ce qu’elle a de plus profondément humain. De manière analogue, la personne ne se réduit pas à ses conditionnements sociaux, culturels et historiques, parce que le propre de l’homme, qui a une âme spirituelle, est de tendre à une fin qui transcende les conditions changeantes de son existence. Aucune puissance humaine ne peut s’opposer à l’épanouissement de l’homme comme personne.
Le droit civil et social à la liberté religieuse, pour autant qu’il touche à la sphère la plus intime de l’esprit, apparaît comme un point de repère et, d’une certaine façon, il devient la mesure des autres droits fondamentaux. En effet, il s’agit de respecter le domaine le plus sensible dans l’autonomie de la personne, en lui accordant d’agir suivant les impératifs de sa conscience, dans les choix d’ordre privé comme dans la vie sociale. L’Etat ne peut revendiquer une compétence, directe ou indirecte, sur les convictions religieuses des personnes. Il ne peut s’arroger le droit d’imposer ou d’empêcher la profession et la pratique publiques de la religion d’une personne ou d’une communauté. En cette matière, les Autorités civiles ont le devoir de faire en sorte que les droits des individus et des communautés soient respectés, en même temps que de sauvegarder l’ordre public juste.
En aucun cas l’organisation de l’Etat ne peut se substituer à la conscience des citoyens, ni retirer à leurs associations religieuses leur espace vital, ou prendre leur place. Un ordre social juste requiert que tous – individuellement et en communauté – puissent professer leurs convictions religieuses tout en respectant les autres. »
Marie-Alice Dallant
Administrateur de l’AFC du Pays de Vannes