Rencontre avec le nouveau président de la Fédération des AFC du Morbihan, Frantz Toussaint, élu le 11 novembre dernier.
Nous sommes allés à la rencontre de Frantz Toussaint, nouveau président de la Fédération des Associations Familliales Catholiques du Morbihan, il a accepté de répondre à nos questions, ce samedi 16 novembre 2019.
AFC du Morbihan (AFC56) : Le 11 novembre dernier, vous avez été élu comme président de la Fédération des AFC du Morbihan, pouvez-vous nous dire ce que sont les AFC et pourquoi existe-t-il un niveau départemental ?
Frantz Toussaint (FT) : Depuis 110 ans, les Associations Familiales Catholiques, regroupées en une Confédération Nationale (CNAFC, reconnue d’utilité publique), veulent porter la voix des familles et promouvoir l’ensemble des repères familiaux. Notre vision de la famille, nos réflexions et notre rapport au monde s’appuient sur l’Enseignement social de l’Eglise catholique. En France, les AFC rassemblent 309 associations locales, 73 fédérations départementales et environ 35 000 familles. Dans notre département, le Morbihan, il y a la fédération départementale et trois AFC locales, qui représentent environ 450 familles.
La base des AFC sont les associations locales qui rassemblent les adhérents et qui leur apportent les services du quotidien comme l’organisation de bourses aux vêtements, l’organisation des conférences ou la rencontre des élus locaux comme les maires.
Le niveau départemental est là pour assurer une forme de coordination et être l’interloccuteur naturel, à l’échelon départemental de tous nos contacts, députés, sénateurs, Conseil Départemental, Diocèse, UDAF (Union Départemental des Associations Familiales). Il s’agit aussi de mettre en œuvre au niveau départemental des synergies bénéficiant aux AFC locales, comme par exemple la formation dans les Chantiers Education ou comme la création du Chantier Socio Politique dans le Morbihan qui porte notre action auprès des élus et sur le terrain politique.
Au sein des AFC, nous vivons le principe de subsidiarité, il ne s’agit en aucun de cas de faire à la place des AFC locales mais bien d’agir à leur côté et en soutien quand elles en ont besoin. La Fédération départementale remplit donc trois grandes missions : animation et coordination, facilitateur ainsi qu’un rôle relais entre le national et le local.
Nous sommes une vigie au cœur du monde, ainsi qu’un lieu de formation et de ressources pour les Familles qui sont si chahutées ces temps-ci.
AFC 56 : Pouvez vous nous en dire plus sur vous afin de mieux vous connaître ?
FT : J’ai 39 ans, je suis marié, depuis bientôt 15 ans avec mon épouse Elisabeth, nous avons cinq enfants, nous sommes installés à Vannes depuis plus de quatre ans maintenant. Professionnellement, je travaille à Paris comme responsable marketing d’un cabinet d’audit et de conseil et j’ai fait une partie de ma carrière comme consultant en organisation.
Je donne des conférences sur les thèmes de la Doctrine Sociale de l’Eglise afin de mieux la faire connaître, car il s’agit d’un trésor, que beaucoup ignorent et dont ne connaissons pas encore tout mais surtout qui se forge au quotidien.
Je me suis engagé il y a 3 ans et demi au sein de l’AFC du Pays de Vannes, d’abord comme responsable des conférences, pendant 3 ans. Puis rapidement élu au conseil d’administration, j’ai pris en main la relation avec les élus et la communication. J’ai proposé de créer au niveau de la Fédération le Chantier Socio-Politique et j’en ai été nommé coordinateur.
Je suis aussi investi comme administrateur de l’Association Education en Morbihan qui gère l’Etablissement Notre-Dame de Toulvern, comme administrateur de RCF Sud Bretagne et comme administrateur – trésorier de l’association ICHTUS, Au service de la cité, à Paris, à la suite de Jean Ousset, nous nous engageons dans l’enseignement de la Doctrine Sociale de l’Eglise et l’action dans la société.
AFC 56 : Les AFC sont parties prenantes du collectif Marchons Enfants qui s’oppose à la loi de Bioéthique, pourquoi ?
FT : Le collectif Marchons Enfants rassemble une vingtaine d’associations qui se sont unies face au projet de loi sur la Bioéthique qui a été présenté le 24 juillet dernier en Conseil des Ministres et qui a déjà été adopté en première lecture à l’Assemblée Nationale, le 10 octobre dernier.
Ce projet de loi vise à instaurer la PMA pour toutes (couples de femmes et femmes seules) ainsi qu’un certain nombre de dispositions qui nous semblent contraires à l’écologie de l’homme et à la famille.
Ce projet de loi est aussi, selon notre compréhension, le cheval de Troie de la légalisation de la GPA dans notre pays. Il s’agit là d’une disposition qui est contraire à l’image que nous avons de la famille et nous y voyons le risque de la marchandisation du corps humain et de l’enfant.
Nous nous battons pour que la place du père soit reconnue dans la société. Quand nous disons cela nous ne nions pas la réalité, nous savons qu’il existe aujourd’hui des enfants qui n’ont pas de père. Nous faisons la distinction entre ce qui est la conséquence de ce que l’on peut appeler « les accidents de la vie » et des situations qui sont reconnues par l’Etat et encouragées par la loi.
Nous sommes d’une certaine façon la voix des sans voix, qui sont ces enfants qui naîtront sans ce père, qui est si structurant pour la construction de tous les enfants.
Notre vigilance se fait dans la continuité à notre opposition au « mariage pour tous » qui était une étape clé dans la destructuration de la famille et qui ouvre la possibilité à de nombreuses dérives.
AFC 56 : Vous avez dit que les AFC se réfèrent à l’enseignement social de l’Eglise Catholique, vous même vous donnez ds conférences sur ce thème, en quoi l’Eglise a-t-elle son mot à dire sur ce que nous vivons ?
FT : Saint Paul VI disait « L’Eglise est experte en humanité », en effet l’Eglise connaît le cœur de l’homme car l’Eglise connaît l’Homme par excellence, le Christ, fils de Dieu qui a pris notre chair. La Doctrine Sociale de l’Eglise (DSE) puise ses racines dans l’enseignement des Pontifes au long de l’histoire et notamment depuis Léon XIII qui est le premier à avoir structuré une pensée sociale pour l’Eglise, au cœur du XIXème siècle face à l’industrialisation de notre monde. Depuis tous les Papes se sont exprimés sur la question sociale, avec le souci permanent de rendre témoignage à la Vérité.
La DSE est cette boussole dont le monde a besoin pour s’orienter. Nous devons lutter contre les grandes idéologies qui nous menacent, le collectivisme, qui prend le visage du communisme ou celui du libéralisme, que nous pouvons parfois trouverplus à notre goût mais qui nous conduit à une forme d’apostasie au bénéfice du dieu argent. Nous devons aussi à travers la question sociale être vigilant aux plus pauvres, eux aussi doivent bénéficier des richesses de notre société et ne pas être laissés sur le bas côté. Cela nous pose la question de l’accueil des migrants, sans tomber dans l’accueil du tout venant, il nous faut nous laisser transformer par la misère des autres.
La DSE est la base de l’action des AFC et nous nous y référons en tout temps. Actuellement, la Confédération Nationale des AFC (CNAFC) travaille sur la définition d’un parcours de formation à la DSE où l’on pourra comprendre sa structure et ses domaines d’application en regardant les impacts sur la famille.
La DSE est inséparable de son objectif, Saint Jean-Paul II nous l’a répété tout au long de son pontificat si fructueux, il s’agit de la civilisation de l’amour. Le Pape Pie XI l’évoquait déjà en 1925 dans son encyclique Quas Primas où il nous parlait du règne du Christ, dont nous préparons l’accomplissement ici-bas.
AFC 56 : A l’heure où vous prenez votre nouvelle responsabilité, pouvez-vous nous partager ce que vous souhaitez metrte en œuvre ?
FT : A l’heure de prendre ma nouvelle charge, je suis plein de reconnaissance pour Laurence Hermann et pour tout le travail qu’elle a accompli au service de la Fédération des AFC du Morbihan. Au nom du conseil d’administration et des familles adhérentes, je la remercie pour ses nombreux engagements, notamment comme Vice-Présidente de l’UDAF 56. J’ai présenté au conseil, une résolution permettant de nommer Laurence présidente d’honneur de notre Fédération, cela sera fait avec la prochaine mise à jour des statuts.
Dans cette mise à jour des statuts, je proposerai aussi de refondre la composition du conseil d’administration de la fédération afin d’avoir une meilleure représentativité des AFC locales et développer la représentation des services transverses.
Ensuite et surtout, je vais continuer l’œuvre déjà entreprise. Je ne suis pas là pour tout révolutionner mais pour engager les AFC dans une présence au monde qui soit forte.
Par ailleurs, je pense que nous, les AFC, avons un défi territorial à relever dans le Morbihan. A ce jour, nous avons trois AFC dans notre département. Une à Lorient qui compte environ 70 familles adhérentes et qui doit connaître un renouveau afin d’augmenter son empreinte. Une dénommée La Baie, qui compte 80 familles, qui est centrée sur Carnac et qui compte tenu de la structure démographique locale compte très peu de familles avec de jeunes enfants. Enfin, une à Vannes, qui est dynamique, avec près de 300 familles et qui a connu une forte croissance depuis trois ans avec de nombreuses actions menées. A ce jour, le nord du département est laissé pour compte, un projet est entrain de naître à Pontivy. L’est du département est aussi isolé, j’aimerais beaucoup que nous puissions développer une ou deux AFC vers Plöermel et Guer. Enfin, il me semble que la zone Auray – Sainte Anne d’Auray est aussi un terrain propice pour développer une AFC. Ainsi, j’en appelle aux bonnes volontés qui voudraient s’investir dans la création et le développement d’une AFC, nous disposons de beaucoup de bonnes pratiques que nous pourrons partager.
Nous allons continuer à réaliser la Quête pour la Mère et l’Enfant à l’occasion de la fête des mères et qui nous donne l’occasion chaque année d’aider des associations qui s’engagent au service des mères en leur venant en aide dans leurs fragilités.
Nous allons renforcer l’action du Chantier Socio-Politique dans le but de sensibiliser nos adhérents et les élus sur les sujets de l’écologie intégrale, de la bioéthique, de l’éducation, de tout ce qui touche à la famille.
Nous allons travailler avec les AFC locales, par exemple l’AFC du Pays de Vannes, ils oeuvrent au lancement d’une association de consommateurs, nous verrons comment les aider et comment rendre cela accessible à tous les adhérents du Morbihan.
Les Chantiers Education sont aussi un vecteur de développement pour les AFc afin d’accompagner les parents dans leur mission éducative, ils sont les premiers et principaux éducateurs de leurs enfants, mais cela s’apprend et surtout cela s’expérimente. Les chantiers sont là pour accompagner l’apprentissage de ce rôle de parents que nous avons.
De plus, je veillerai à toujours plus travailler en synergie avec les AFC locales et les faire travailler entre elles. Je souhaite aussi que l’on puisse avoir chaque année des temps en commun qui marquent l’ensemble de nos adhérents, comme par exemple des temps de conférences ou de formations qui s’adressent à tous. Nous verrons plus tard la forme que cela peut prendre concrêtement.
Enfin, la fédération est aussi l’ouverture vers les autres associations partenaires, le maintien de relations régulières et permanentes donnant lieu à de nouveaux projets et d’autres synergies.
Les projets sont nombreux et ne manquent pas, nous sommes là pour faire rayonner la famille et les AFC se veulent être la familles des familles !