Bonne Fête des Pères

Charles Péguy parle du père de famille

C’est commettre la plus grosse erreur, l’erreur la plus stupide et la plus grossière que de croire, que de s’imaginer que la vie de famille, parce qu’elle est une vie retirée, est aussi une vie retirée du monde. C’est exactement, c’est diamétralement le contraire. La vie de famille est au contraire la vie la plus engagée dans le monde, incomparablement, qu’il y ait dans le monde. Il n’y a qu’un aventurier au monde, et cela se voit très notamment dans le monde moderne : c’est le père de famille.

Les autres, les pires aventuriers ne sont rien, ne le sont aucunement en comparaison de lui. Ils ne courent absolument aucun danger en comparaison de lui. Tout dans le monde moderne, et même et surtout le mépris, est organisé contre le sot, contre l’imprudent, contre le téméraire, contre le déréglé, contre l’audacieux, contre l’homme qui a cette audace, avoir femme et enfants, contre l’homme qui ose fonder une famille. Tout est contre lui. Tout est savamment organisé contre lui. Tout se retourne et se conjure contre lui. Les hommes, les événements ; l’événement, la société ; tout le jeu automatique des lois économiques. Et enfin le reste. Tout est contre le chef de famille, contre le père de famille ; et par suite contre la famille elle-même, contre la vie de famille.

Lui seul est littéralement engagé dans le monde, dans le siècle. Litté- ralement lui seul est aventurier, court une aventure. Car les autres, au maximum, n’y sont engagés que de la tête, ce qui n’est rien. Lui au contraire il y est engagé de tous ses membres. Les autres, au maximum, ne jouent que leur tête, et ce n’est rien. Lui au contraire il joue tous les membres. Les autres ne souffrent qu’eux-mêmes. Au premier degré. Lui seul il souffre d’autres. Au deuxième, au vingtième degré. Il en fait souffrir d’autres, il en est responsable. Lui seul il a des otages, la femme, l’enfant, et la maladie et la mort peuvent le frapper dans tous ses membres. Les autres naviguent à sec de toile. Lui seul il expose, il est contraint d’exposer aux tempêtes de mer un énorme appareil, un corps plein, toute la toile ; et quelle que soit la force du vent il est forcé de naviguer au plein de ses voiles. Tout le monde a barre sur lui et il n’a barre sur personne. Il se meut perpétuellement avec ses otages, sur toute la largeur de ces terribles otages. L’événement, le malheur, la maladie, la mort, tout l’événement, tout le malheur a barre sur lui, toujours ; il est toujours exposé à tout, en plein, de front, parce qu’il navigue sur une énorme largeur. Les autres se faufilent.

Charles Péguy, « Dialogue de l’histoire et de l’âme charnelle »

Citations sur le père de famille

« Mon père ce héros au sourire si doux » Victor Hugo

« La famille est une institution intermédiaire entre l’individu et la société, et rien ne peut la remplacer totalement. Elle s’appuie elle-même par-dessus tout sur une relation interpersonnelle profonde entre l’époux et l’épouse, soutenue par l’affection et la compréhension mutuelles. Pour y parvenir, elle reçoit l’aide abondante de Dieu dans le sacrement du mariage, qui comporte une vocation véritable à la sainteté. Puissent leurs enfants contempler davantage les moments d’harmonie et d’affection de leurs parents, plutôt que les moments de discorde ou d’éloignement, puisque l’amour entre le père et la mère offre aux enfants une grande sécurité et leur enseigne la beauté de l’amour fidèle et durable.

La famille est un bien nécessaire pour les peuples, un fondement indispensable pour la société et un grand trésor pour les époux durant toute leur vie. C’est un bien irremplaçable pour les enfants, qui doivent être le fruit de l’amour, du don total et généreux de leurs parents. Proclamer la vérité intégrale de la famille, fondée sur le mariage comme Église domestique et sanctuaire de la vie, est une grande responsabilité pour tous. »

Benoît XVI, Discours, samedi 8 juillet 2006, §4-5 (Voyage apostolique à Valence (Espagne) à l’occasion de la V Rencontre Mondiale des Familles; Cité des Arts et des Sciences)

« À l’origine de tout homme et, en même temps, de toute paternité et de toute maternité humaines, Dieu créateur est présent. C’est pourquoi les époux doivent accueillir l’enfant qui naît d’eux comme un fils non seulement d’eux, mais aussi de Dieu, qui l’aime pour lui-même et qui l’appelle à la filiation divine. Plus encore, toutes les générations, toute paternité et toute maternité, toute famille, trouvent leur origine en Dieu, qui est Père, Fils et Esprit Saint. »

Benoît XVI, Homélie, dimanche 9 juillet 2006, §5 (Voyage apostolique à Valence (Espagne) à l’occasion de la V Rencontre Mondiale des Familles)